Reportage Graphique | « Belle-Beille 2018-2019 : Chronique d’une rénovation urbaine »
Le contexte
A l’instar de ce qui a été réalisé de 2003 à 2013, dans cinq quartiers d’Angers, dans le cadre du programme de rénovation urbaine (I), le territoire est désormais engagé dans une seconde opération de renouvellement urbain, porté par l’ANRU, essentiellement sur les quartiers de Monplaisir et Belle-Beille.
Des opérations lourdes du point de vue financier, mais également lourdes de sens pour les habitants de chacun de ses quartiers.
C’est à un changement profond de leur cadre de vie que vont être confrontés les habitants de ces quartiers, et l’ensemble des Angevins avec eux. Habitat, transport, réalité scolaire, sociale et culturelle, devenir économique… le territoire s’apprête à un tremblement de terre qui va bien au-delà de la « simple » destruction de logements sociaux.
Comment se préparer à cela, imaginer l’avenir, s’y bien sentir en se l’appropriant sinon en ayant une conscience accrue des réalités passées et présentes de ce territoire ?
L’idée
Notre ambition est de réaliser, sur une durée d’un an, un reportage graphique sur le quartier de Belle-Beille, dans nombre de ses composantes. En clair, une BD réalisée à partir de reportages, de portraits, d’interviews… bref de rencontres avec les habitants du quartier Belle-Beille, mais également les acteurs de la rénovation urbaine à l’œuvre.
Pour se convaincre de la plus-value constituée par la réalisation d’un reportage graphique, un simple coup d’œil dans la littérature récente en la matière en dit plus qu’un long discours : citons parmi tant d’autres les travaux réalisés depuis une trentaine d’années par Joe Sacco, ou plus récemment par Benjamin Adam (Hôpital public) et le duo Benoît Collombat/Etienne Davodeau (« Cher pays de notre enfance »).
Ce qui se trame à Belle-Beille mérite une ambition médiatique réelle. Le dessin permet de valoriser de manière physique, tangible, sensible voire humoristique les réalités exprimées par chacun.
Pourquoi Belle-Beille?
L’exercice aurait évidemment aussi du sens sur le quartier de Monplaisir, mais un reportage graphique emprunte autant au journalisme qu’à la bande dessinée. L’un parle d’angle l’autre de parti pris, mais il s’agit au fond du regard que le reporter ou l’artiste porte sur son sujet. En plus des rencontres qui seront effectuées dans le cadre de notre travail, le reportage graphique nécessite un fonds documentaire important, des recherches iconographiques et historiques qui nous semblent plus aisées à l’endroit de Belle-Beille.
Ce qui préside à ce choix tient aussi à la diversité singulière qui ressort du quartier de Belle-Beille : de l’étang Saint-Nicolas à l’université, de son histoire industrielle à la création de la cité Phénix, de l’arrivée prochaine du tram à celle de l’Istom… les points de vue sont légion, qui disent la richesse de ce qui s’est construit ici depuis des décennies.
Enfin, ce choix s’inscrit dans la suite logique de ce qui a été initié par le projet Report’Cité sur le quartier : citons entre autres le docu-fiction de 12 minutes « L’esprit des lieux », le reportage vidéo réalisé par les élèves de l’école Aldo-Ferraro, à l’occasion de la présentation de la Maison du Projet du quartier Belle-Beille, le relais du projet « Raconte-moi ton quartier », porté par le centre Jacques-Tati…
Les interlocuteurs
Les habitants du quartier passé, présent et à venir, avant tout. Mais également les étudiants du campus ou de l’Istom, les mémoires du quartier tel Yann Krecki, les élus, les commerçants, les bailleurs sociaux, les architectes et urbanistes qui travaillent sur le PRU ou de nouveaux projets à l’échelle du quartier, les historiens, les sociologues, les archivistes, les joggeurs du dimanche de l’étang Sant-Nicolas… En somme, tous ceux qui sont attachés de près ou de loin à Belle-Beille et formeront avec leurs petites histoires la grande histoire du quartier.
La forme du projet
Nous imaginons la production, chaque mois, de quatre à cinq planches de bande dessinée retraçant l’une des rencontres effectués. Une production pouvant être relayée sur le web -site dédié ou réseaux sociaux- et le print. La finalité du projet reste l’édition d’une BD graphique consacrée au quartier de Belle-Beille : elle reprendra chacun des reportages graphiques réalisés au cours de l’année, mais avec un fil conducteur réel. Il ne s’agit pas de compiler les uns derrières les autres des points de vue, mais bien de raconter une histoire.
Feuilleter le reportage graphique :
La participation des habitants
La médiation interviendra à chacune des étapes de réalisation du projet. Il s’agira de proposer chaque mois un ou deux temps partagés : ils pourront prendre la forme d’ateliers dessin ou d’écriture, mais également de participation active aux séries d’entretiens réalisés, à leur retranscription ou au suivi de l’élaboration du storyboard.
Des temps de présentation du projet et des avancées de sa réalisation pourront également être prévus dans les établissements scolaires du quartier.
Qui ?
C’est le collectif Report’Cité qui porte ce projet. Le reportage graphique s’inscrit dans l’ambition d’éducation aux médias des différents publics en même temps qu’à l’appréhension intelligente des projets du territoire par eux.